Il y a quelques mois déjà, je vous avais parlé des Smartwatch qui étaient en train de sortir. Secteur d’avenir selon certains, pourtant les ventes n’ont pas été à la hauteur des attentes. En effet, Samsung aurait eu du mal à écouler sa Galaxy Gear et la Sony SmartWatch 2 n’est pas non plus un grand succès.
Je vais donc vous reparler un peu de ce nouvel objet connecté entre l’horlogerie et les smartphones, la montre connectée.
Un succès mitigé
Selon les dernières et rares informations que nous avons, les ventes de la Galaxy Gear de Samsung seraient de 800 000 ventes (vers mi-novembre 2013), mais d’autres analystes sont beaucoup plus pessimistes avec seulement 1000 ventes par jour, ce qui ferait seulement 250 000 ventes en 7 mois. Même si l’on prend l’échelle haute, cela fait normalement entre 1 et 2 millions de Gear depuis son lancement en septembre.
Bien sûr, la Galaxy Gear n’est pas la seule Smartwatch de l’année 2013, il y avait la Sony Smartwatch 2 et la Pebble. Cette dernière se serait d’ailleurs écoulé à quelques 400 000 ventes en 2013 et l’on peut penser que l’on est maintenant vers 500 000 ventes. Pour la Sony Smartwatch 2, je n’ai pas trouvé de chiffre, mais l’on peut penser que, vu qu’il n’y a aucune annonce de la part de Sony, les chiffres ne doivent pas être trop élevés.
Les chiffres ne sont donc pas trop reluisants, car il s’est vendu en 2013 dans le monde environ 1 milliard de téléphones intelligents et 1,2 milliard de montres (montres produites en 2013). Cependant, et malgré ce démarrage poussif, les différents géants de l’électronique grand public ont l’air de vraiment y croire…
De nombreux acteurs futurs ou présents
Sony était sans doute la première grande entreprise à lancer une montre intelligente, il a été rejoint dans la seconde moitié de 2013 par Samsung, Pebble ou Qualcomm et d’autres vont suivre…
Google entre dans la danse
En ce début de printemps 2014, plus exactement le 18 mars 2014, Google s’est lui aussi lancé officiellement dans la course à la montre connectée en lançant un système d’exploitation entièrement dédié aux Smartwatch : la Galaxy Wear. Bien sûr, comme pour le marché de la téléphonie mobile ou des tablettes tactiles, Google ne s’occupe que du côté logiciel, le système d’exploitation, il laisse ses partenaires Android habituels s’occuper de la conception et de la fabrication de la montre.
Parmi les acteurs qui ont déjà répondu présents, il y a Samsung, mais aussi LG et Motorola qui viennent de présenter leurs Smartwatch, Asus, HTC ou encore l’américain Fossil. Par contre, Sony n’a pas voulu s’associer à Google et sa Smartwatch 2 (et les suivantes) continuera à utiliser une version maison de l’OS Android. Concernant les deux derniers modèles qui ont été présentés (la Motorola et la LG), je trouve la Motorola Moto 360 très séduisante avec son design et son affichage très proche des montres, pour moi la LG est par contre trop standard.
Concernant les fonctionnalités de cet OS pour montre intelligente, Google a décidé de centrer son Android Wear sur Google Now, qui est un assistant personnel qui affiche les éléments les plus importants selon les moments de la journée (la météo au réveil, les infos à 9h, les offres de déjeuner à midi, etc.). Bien sûr, vous aurez aussi accès aux SMS ou aux notifications des réseaux sociaux et à d’autres informations. Vous découvrirez ci-dessous l’Android Wear :
L’objectif de Google est donc, avec ce système Android Wear, de se lancer le premier dans ce marché et cela avant Apple. En effet, les ventes de montres connectées sont promises à un bon développement, avec par exemple 10 millions de ventes pour le cabinet Juniper Research ou encore un marché de 10 milliards de dollars pour Gatner.
En plus, cela devrait permettre à Google de redevenir le système d’exploitation de la Samsung Galaxy Gear 2 et la Gear Fit (dédiée au sport) qui sont passées sous Tizen. La future Gear Solo qui serait la première montre ne nécessitant pas liaison avec un smartphone devrait aussi faire son apparition avec l’Android Wear (plus d’infos sur cette montre).
Apple va-t-il se lancer ?
Grand absent, pour l’instant, du marché des montres connectées, Apple devrait se lancer dans l’aventure en septembre. Cette information, ou plutôt cette prédiction, provient de chez Ming-Chi Kuo, analyste chez KGI. Pour son arrivée dans les Smartwatch, Apple devrait faire fort en lançant non pas un, mais deux modèles avec des tailles d’écran différentes : http://www.bilan.ch/techno-les-plus-de-la-redaction/apple-pourrait-devoiler-deux-modeles-de-smartwatch-la-rentree.
Parmi les prédictions de KGI, il pense que la future iWatch d’Apple serait réalisée dans des matériaux relativement nobles pour son boîtier et son bracelet. L’objectif d’Apple serait donc de cibler l’horlogerie assez haut-de-gamme en proposant sa montre à plusieurs centaines d’euros.
L’iWatch aurait la particularité technologique de se passer de liaison avec un autre appareil iOS pour fonctionner. Parmi les autres fonctionnalités, il y aurait une batterie longue durée (minimum de 24 heures), mais aussi la plupart des fonctions accessibles depuis un Smartphone.
Et les horlogers dans tout cela
Pour l’instant, peu d’horlogers helvètes s’inquiètent véritablement des Smartwatch et de leur effet sur les ventes d’horlogerie suisse. D’ailleurs, on voit la confiance qu’ont les horlogers suisses en leurs produits, car seul Tag Heuer a déjà sorti une montre intelligente, mais cette dernière a été conçue pour l’American Cup. Tissot et son compatriote Swatch devraient, quant à eux, se lancer dans l’aventure, mais seulement en fin d’année 2014.
Pourtant, même si la plupart des grandes entreprises du secteurs ne craignent pas trop les Smartwatch, elles s’y intéressent beaucoup. Pour François Thiébaud – directeur général de Tissot -, ces montres connectées peuvent rentrer en concurrence avec les montres Tissot, mais il nous rappelle à juste titre que Tissot et Swatch se sont déjà lancés dans l’aventure et que ce fut un échec. Pour lui et sa marque, le principal problème dans le développement d’une smartwatch est de rester indépendant des grands acteurs comme Google. En fait, Tissot veut tout avoir en interne, c’est-à-dire le hardware, mais aussi le software. Il veut aussi éviter que cet objet ne soit seulement un gadget.
D’autres PDG et directeurs de grandes marques ont aussi dit ce qu’ils pensent des montres connectées. Pour eux, il est très important de suivre ce qui se passe. Par exemple le PDG de Tag Heuer (Stéphane Linder) ou celui de Patek Philippe (Thierry Stern) pensent que même si les montres connectées actuelles ne sont pas très convaincantes, les prochains modèles devraient l’être, surtout pour certaines fonctions comme la santé ou le sport.
Thierry Stern, de Patek Philippe, continue en nous disant que les Smartwatch seront peut-être un formidable atout pour les montres suisses haut-de-gamme. Effectivement, pour lui cela pourra peut-être faire aimer les garde-temps à la jeune génération. Pour finir, le directeur de Hublot voit, quant à lui, une opportunité dans l’horlogerie en faisant, pourquoi pas, fusionner les montres mécaniques avec l’électronique pour obtenir des garde-temps innovants.
Je vous laisse découvrir l’analyse qu’ont fait les différents patrons de l’horlogerie suisse :
Une menace ou simplement un autre marché
Après vous avoir fait découvrir les différentes montres connectées actuellement sur le marché ou qui vont prochainement sortir, je vais vous donner mon avis personnel sur ces smartwatch.
Les avis divergent énormément entre ceux qui pensent que les montres intelligentes sont une véritable menace pour l’industrie horlogère suisse, car il n’y a que deux poignets pour chaque personne. Cela veut dire qu’il y aura sans doute une concurrence pour savoir quel objet occupera nos poignets. D’ailleurs, peut-on porter deux montres (l’une classique, l’une intelligente) sur deux poignets différents ? D’un autre côté, il y a ceux qui pensent que les smartwatch peut être une opportunité pour l’horlogerie. En effet, en favorisant le port d’un objet au poignet pour les jeunes, ces derniers seront peut-être plus enclins à porter une vraie montre en avançant en âge ou en revenu.
Moi-même, je pense que les montres connectées seront sans doute une menace pour l’horlogerie, mais pas pour toute l’industrie. Effectivement, les fabricants d’électronique lancent des modèles coûtant entre 100 euros et 500 euros. Cela veut dire que seulement une partie du marché des montres sera touchée. L’horlogerie suisse en réchappera donc principalement, sauf peut-être pour certaines marques comme Swatch ou Tissot qui se situent dans les prix des smarwatch. En fait, c’est donc plus les montres bas de gamme que la véritable horlogerie qui risque d’être touchées.
Pourquoi dis-je cela ? Pour plusieurs raisons. Tout d’abord, aujourd’hui les rares montres intelligentes qui sont proposées nécessitent toujours la présence d’une tablette ou d’un téléphone multimédia. Il s’agit donc plus d’un gadget, aux fonctions que l’on retrouve déjà sur son périphérique principal. Concernant les futurs modèles qui devraient avoir toutes les fonctions, dont celle du téléphone, il y a aussi un véritable problème pour moi. Effectivement, aujourd’hui nous recherchons de plus en plus un périphérique de plus en plus grand avec des écrans de 4,5 à 6 pouces en moyenne. Comment ferons-nous donc pour jouer, envoyer des mails ou des SMS, regarder des films sur l’écran d’une montre ? Il faudra donc toujours continuer à avoir un périphérique de plus grande taille.
Deuxième raison : porter une montre aujourd’hui se fait non pour l’utilité de l’objet, mais seulement pour la beauté de l’objet, pour la passion horlogère ou bien pour l’image sociale que cet objet reflète. Cela ne devrait pas changer, car les smartwatch ne seront sans doute pas assez exclusives par rapport à une Omega, une Rolex ou une Vacheron Constantin.
Alors, sauf si les futures smartwatch deviennent complètement indépendantes d’un autre périphérique et que les montres horlogères ne soient plus considérées comme un bijou, je ne vois pas vraiment les montres connectées remplacer les garde-temps. Pourquoi ? Peut-être seulement parce que j’aime l’horlogerie et que pour moi rien ne remplacera une vraie montre. Je pense ne pas être le seul, mais peut-être que je me trompe et que l’horlogerie suisse (et d’autres pays) est à l’aube d’une crise pire que celle du quartz des années 70.
Edit du 05/05/2014 : Swatch Group va entamer des procédures judiciaires contre Apple et son iWatch, le nom étant trop proche de iSwatch (déposé dans environ 80 pays). Cela démontre donc une certaine fébrilité de la part de Swatch et de Nick Hayek envers les montres connectés.
D’autres articles sur les montres intelligentes et en particulier sur la Withings Activité.