Depuis plusieurs mois, voire un an ou deux, les spécialistes annonçaient la dégradation de l’horlogerie suisse. C’est aujourd’hui le cas avec une baisse des exportations qui s’est largement accentuée ces dernières semaines. Faisons donc le point avec une analyse de la situation et ce qui est potentiellement responsable de cette baisse.
Un troisième trimestre noir…
Depuis le début de l’année, le marché des exportations horlogères suisses commençait largement à s’essouffler sous le coup de la mauvaise santé économique européenne, de la crise russe et des problèmes chinois (économie moins dynamique et lutte contre la corruption). Cependant, la demande était encore en hausse.
Cependant, au cours du 3e trimestre la situation s’est retournée avec de nouveaux problèmes qui sont apparus. Même si, pour moi, il ne s’agit pas de la principale raison, nous pouvons noter la sortie de l’Apple Watch qui a sans doute joué un petit rôle, mais c’est surtout la crise financière chinoise qui a dû avoir un impact très important. Celle-ci a aussi eu un effet sur l’économie réelle et donc logiquement sur la consommation des Chinois, qui, rappelons-le, sont les premiers acheteurs de montres suisses au monde.
Le résultat, c’est une baisse de 7,9% des exportations en septembre et une baisse depuis le début de l’année de 2 % à 15,790 milliards de CHF.
Par pays
Lorsque l’on regarde les données publiées par la FHS pour les 9 premiers mois de 2015, on remarque que la situation n’est pas du tout la même selon les pays. Les plus grosses baisses sont enregistrées par l’Asie avec à Hong Kong et en Chine une baisse respective de 20,5% et 9,2%. Le Japon, lui, baisse aussi avec -2,9%. Ces chutes sont confirmées pour la plupart par les chiffres de septembre avec -18% pour Hong Kong et -13% pour la Chine, alors que le Japon remonte la pente (+3,6%). Parmi les autres grosses variation négatives, nous notons les Émirats Arabes Unis (-9%) ou la Russie (-35%).
Du côté des hausses, l’Europe est très présente avec l’Italie (+9,5%), la France (+13,7%), l’Allemagne (+3,4%) ou le Royaume-Uni (+20%), qui se trouvent aux 4e, 6e, 7e et 8e rangs mondiaux respectivement. Les États-Unis, qui réalisaient un bon début d’année (+2,1% de janvier à septembre 2015), se sont complétement retournés en septembre avec -17,6% !
Par région
Alors que l’Asie était ultra dominante ces dernières années grâce à la place de Hong Kong et de la Chine, la situation commence à se rééquilibrer. Aujourd’hui, cette région représente 51% des ventes mondiales de l’horlogerie suisse avec une baisse de 8,8% surtout à cause de l’Extrême Orient.
Deuxième région, c’est logiquement l’Europe avec 5,268 milliards de Francs Suisse en hausse de 8,9%. Aujourd’hui, le « vieux continent » représente 33% des exportations horlogères suisses. C’est-à-dire que l’on peut estimer qu’il est encore plus important si l’on rajoute la Confédération Helvétique.
Pour les autres continents, l’Amérique est en faible hausse (+1,6%) surtout grâce à l’Amérique du Nord, alors que le Sud baisse. L’Afrique, qui dispose d’un petit marché, chute de 11% et l’Océanie est en augmentation de +6%.
Et pour la suite…
Comment va évoluer la situation ? C’est sans doute la grande question. Lorsque l’on sait que le segment le plus impacté par la baisse a été celui des montres entre 200 et 500 CHF à l’exportation, on peut facilement se dire que les montres connectées ont quelque chose à voir là-dedans. Pourtant, je pense personnellement que c’est la crise financière chinoise qui a eu le plus d’impact. La variation négative du marché américain est peut-être juste temporaire…
Cependant, n’étant pas devin, il faudra attendre octobre et novembre, deux mois très important en termes de vente, pour voir véritablement la situation…
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