L’horlogerie s’enfonce-t-elle dans la crise ?

Baisse des ventes dans l'industrie horlogère

En quelques jours, le monde du luxe et plus particulièrement celui de l’horlogerie vient d’être secoué par plusieurs mauvaises nouvelles provenant notamment de Swatch Group ou Richemont. Cela faisait plusieurs mois que l’on nous parlait de retournement du marché, mais pourtant les chiffres, notamment ceux publiés par la FHS, étaient plutôt rassurants. Mais est-ce toujours le cas ? Petite analyse de la situation de l’industrie horlogère !

Swatch Group en lanterne rouge

L’annonce des résultats du Swatch Group (propriétaire notamment de Swatch, mais aussi de Tissot, Longines, Omega, Breguet, Blancpain et 9 autres marques) a largement déçu les marchés. Le bénéfice net s’est effondré de 70 % lors du premier semestre et le chiffre d’affaires a baissé de 14 %. Pourquoi une telle chute ? C’est principalement dû au marché asiatique avec une baisse importante en Chine, Hong Kong et Macao. Malheureusement pour le groupe suisse, les baisses les plus importantes ont eu lieu chez ses marques stars dont Omega, mais aussi Blancpain et Breguet. D’un autre côté, Swatch surfe toujours sur ces collaborations avec les autres marques du groupe (Swatch X Blancpain et Swatch X Omega) et Tissot et Longines arrivent à conserver leurs parts de marché.

Richemont sauve les meubles grâce à la joaillerie !

Le troisième acteur de l’horlogerie mondiale après Rolex et Swatch Group s’en tire mieux que Swatch même si on note une baisse de 1 % du chiffre d’affaires à 5,3 milliards d’euros sur le premier semestre. Pourquoi cela ? Tout simplement parce que Richemont est moins dépendant de la Chine et que l’horlogerie réalise une part moins importante dans ses profits que la joaillerie. Si l’on regarde plus en détail, nous voyons que l’Asie-Pacifique (hors Japon) voit ses ventes chuter de 19 % en euros et même de -27 % à Hong Kong, Macao et en Chine. La hausse de 5 % en Europe et de 10 % sur le continent américain ne suffit donc pas à contrebalancer. Au niveau des métiers, la partie joaillerie a augmenté ses ventes de 2 % en euros, alors que la partie horlogerie a baissé de 14 % à seulement 911 millions d’euros sur le premier trimestre.

La Chine en grande coupable ?

Lorsque l’on regarde les chiffres publiés par ces deux acteurs majeurs de l’horlogerie, on voit bien que le marché se contracte essentiellement à cause de la Chine. En effet, l’Empire du milieu est dans une période de diminution de sa croissance et cela semble impacter surtout les classes moyennes et leurs achats de produits de luxe. C’est pour cela que les acteurs de l’horlogerie, mais pas seulement, sont aujourd’hui fortement touchés par ce ralentissement économique.

Cela va-t-il continuer ? Compliqué à dire, mais il semble que les périodes de fortes croissances avec une envolée des prix comme nous avons pu le voir depuis plusieurs années semblent maintenant terminées dans l’horlogerie de luxe. La Chine n’est plus le moteur de croissance qu’elle était, la croissance est faible en Europe et même les USA commencent à ralentir. On peut d’ailleurs s’en apercevoir sur les chiffres des exportations horlogères de la FHS où la croissance diminue de mois en mois pour être passée à -2,2 % en mai. On voit d’ailleurs qu’à part le Japon (+6 %) ou la France (+18 %), la plupart des pays sont en baisse avec -18 % pour la Chine, -23 % pour Hong Kong ou encore -1 % pour les États-Unis. Autre point important, la croissance en quantité est de -4,2 %, quand la baisse en valeur est de seulement 2,2 %, l’horlogerie profite donc encore de l’effet des hausses de prix pour compenser artificiellement la baisse du chiffre d’affaires !