En plein cœur de la torpeur estivale, l’annonce a fait l’effet d’un choc. Swatch et l’ensemble des marques du groupe (dont Omega, Tissot ou Longines) ne viendront pas exposer leurs montres lors de l’édition 2019 de Baselworld. Autant dire que la plus grande foire horlogère du monde subit un contrecoup impressionnant et que son intérêt est tout de suite moindre. Alors, à quelles conséquences doit-on s’attendre ?
Une annonce qui tombe mal
« Les foires horlogères annuelles, telles qu’elles existent à l’heure actuelle, n’ont plus beaucoup de sens », c’est par cette phrase explosive que Nick Hayek, le PDG du Groupe Swatch, annonce – par l’intermédiaire du journal suisse Neuen Zürcher Zeitung le 29 juillet 2018 – que sa société et les différentes marques n’exposeront plus au Salon de Baselworld dès l’année prochaine.
Il s’agit d’une annonce qui tombe mal pour Baselworld qui vient déjà de subir une édition 2018 en demi-teinte avec la disparition de la moitié de ses exposants dont certains très importants comme Ulysse Nardin ou Girard Perregaux. Le nouveau directeur du salon, Michel Loris-Melikoff, doit donc subir l’une des plus grosses crises de son salon, car ce ne sont pas moins de 18 marques qui vont quitter Baselworld.
Tissot, Omega, Longines, Swatch, Mido, Rado, Breguet, Jaquet Droz, Glashütte Originale, Harry Winston ou encore Blancpain ne seront donc plus présentes l’année prochaine. Il ne restera donc plus que Rolex, Hublot, Tag Heuer, Patek Philippe, Breitling ou Zenith comme grandes marques horlogères suisses à Baselworld.
Cette annonce peut aussi précipiter le départ d’autres horlogers, ce qui risquerait de signifier la fin du salon…
Quelles solutions ?
Pour éviter la disparition de cette foire vieille de 100 ans, les organisateurs vont donc devoir faire évoluer le salon, car en seulement quelques années on est passé d’une situation florissante à une situation quasiment catastrophique. Les raisons sont connues et assez multiples, avec la crise du secteur horloger en 2017 qui a porté le premier coup, puis la disparition progressive des revendeurs et aussi le désintérêt croissant des grandes marques pour les grands salons que ce soit dans l’horlogerie, dans la haute technologie et surtout dans l’automobile.
Alors, que faire pour faire revivre ce salon ?
- L’une des pistes est sans doute de faire de ce salon un endroit plus petit, à taille plus humaine, ce qui permettrait aux visiteurs professionnels ou du grand public de découvrir l’ensemble du salon en seulement quelques heures ou une bonne journée.
- Mettre plus en avant les visiteurs du grand public, car aujourd’hui il s’agit d’un salon essentiellement professionnel ouvert au grand public. Cependant, les professionnels, des revendeurs qui viennent acheter des montres, sont de moins en moins nombreux à cause de la montée en puissance des chaînes de distributeurs, de l’ecommerce et aussi des réseaux de distribution en propre. Il peut être intéressant de faire venir plus de particuliers en leur permettant de voir plus les montres et les stands (ce qui est aujourd’hui presque impossible chez Rolex ou Omega par exemple) et pourquoi pas d’en acheter, surtout s’il s’agit de montres hors-séries.
- Baisser le prix d’entrée pour le grand public pour attirer plus de visiteurs.
L’organisateur de Baselworld n’est cependant pas resté les bras croisés et dès mai 2018, quelques jours après la clôture du salon, des idées ont été avancées pour réformer le salon et le rendre plus moderne. Il est maintenant nécessaire d’aller plus vite et donc beaucoup de poids repose donc sur les épaules de Michel Loris-Melikoff.
Une chance pour le SIHH ?
C’est ce qu’on pourrait penser mais le SIHH, même s’il a gagné de nombreux horlogers depuis quelques années, risque lui aussi de subir les contrecoups de la crise qui secoue Baselworld. Pourquoi ? Car pour Swatch Group, et sans doute d’autres horlogers, c’est le modèle même des salons et foires horlogères actuelles qui poserait problème et ne serait plus adapté.
Le SIHH est certes plus élitiste, mais d’un autre côté il est encore moins ouvert au grand public. Lui aussi risque de devoir s’adapter pour évoluer vers un salon modèle XXIe siècle !