La Tank de Cartier : une montre qui a résisté au temps
L’élégance intemporelle : ce pourrait être le surnom de la Tank Cartier, une montre au concept inventé en 1917 et qui a, depuis un siècle, défié le temps
L’élégance intemporelle : ce pourrait être le surnom de la Tank Cartier, une montre au concept inventé en 1917 et qui a, depuis un siècle, défié le temps
La Tank de Cartier prouve qu’il existe des montres capables de défier les tendances pendant un siècle, sans être touchées par les bouleversements qui agitent le monde de l’horlogerie. Ayant trouvé immédiatement, dès sa conception en 1917, une sorte d’épure définitive, la Tank a surfé sur son élégance intemporelle qui l’a rendue indémodable. Malgré de nombreuses déclinaisons au fil des décennies, les grands principes de la Tank originelle n’ont, en effet, jamais été désavoués, comme si ce garde-temps pouvait vaincre… jusqu’au temps lui-même.
Quel est le point commun entre Clark Gable, Gary Cooper, Elizabeth Taylor, Alain Delon, Ingrid Bergman, Audrey Hepburn, Mohammed Ali, Andy Warhol, Yves Saint Laurent et André Malraux – parmi tant d’autres ? Tous ont porté une montre Tank Cartier au poignet.
Les changements d’époque ne modifient en rien cette donne : la Tank fut le garde-temps favori des personnalités qui firent et défirent le monde, depuis le cinéma muet jusqu’aux sommets de la littérature et de la pensée. Truman Capote disait en posséder sept modèles, raison pour laquelle il en offrit une à un journaliste qui l’interrogeait. Fred Astaire continua de danser avec au crépuscule de sa vie. Cette montre était si résolument intemporelle, que l’acteur Rudolph Valentino parvint à convaincre le réalisateur George Fitzmaurice de le laisser en garder une au poignet lors du tournage du Fils du Cheick (en 1926), bravant l’anachronisme.
Est-ce si étonnant, lorsqu’on sait que Louis Cartier a toujours aimé être en avance sur son temps ? En 1904 déjà, il créait une montre conçue pour être portée au poignet, afin que son ami aviateur Santos-Dumont pût lire l’heure tout en s’ébrouant dans les airs. Ce qui ne l’empêchait pas – la montre – de conserver toute son élégance, car il n’était pas dit que l’avènement du garde-temps fonctionnel et pratique signerait l’acte de décès du design.
C’est que la recherche formelle a, chez Cartier, toujours été un paradigme essentiel de l’objet montre. Comment faire entrer le cadran dans la ligne du bracelet ? Comment faire en sorte que l’un devienne le prolongement de l’autre ? Il faudra l’intuition menant à la Tank pour définir un boîtier tantôt carré, tantôt rectangle, et parvenir à une épure définitive, une forme d’idéal géométrique qui réponde à la perfection temporelle.
1917, nous sommes en pleine Guerre mondiale. Louis Cartier, fasciné par les chars d’assaut produits dans les usines Renault, se lance dans la conception d’un modèle de montre censé rappeler la forme du char d’assaut. L’idée de la Tank est née. Rendant hommage aux monstres d’acier, Cartier s’inspire, pour son boîtier, d’un tank vu du dessus : carré, cerné de deux brancard latéraux (imitation des chenilles des chars), avec minuterie en chemin de fer et chiffres romains. Ce n’est pas seulement un modèle de garde-temps qui voit le jour, mais un objet intemporel.
Avant même sa commercialisation, Cartier offre un exemplaire de sa Tank au général Pershing, le commandant du corps expéditionnaire en Europe. Puis il la lance officiellement en 1919, au lendemain de la Grande Guerre, en mettant en avant son mélange d’élégance et de robustesse. La Tank déferle sur le monde. Et sans canon, mais avec tambours et trompettes, elle remporte un succès immédiat.
Reconnaissable partout, la Tank se définit par ses éléments archétypaux : bracelet en cuir, boîtier carré pris entre deux brancards qui l’étirent jusqu’au rectangle, glace minérale, aiguilles en forme de glaive faits d’acier bleui, chiffres romains, minuterie en chemin de fer, mouvement mécanique de remontage manuel avec une réserve de marche d’environ 40 heures (un mécanisme d’abord signé Jaeger Le Coultre)… Et bien sûr, le cabochon de saphir en guise de remontoir, signe distinctif de toutes les montres Tank de Cartier. Si l’on ajoute qu’elle est étanche jusqu’à 30 mètres dès son premier modèle, cela fait de la Tank est une montre blindée, conçue pour résister à tout, aux activités sportives comme aux combats.
Et soudain, au cœur d’un paysage horloger qui semble être tombé dans un profond sommeil, la Tank de Cartier impose de nouvelles règles. Elle fait fi des traditions, bouleverse les conventions, rebat les cartes de l’esthétique temporelle. Peu de modèles mythiques auront su, comme l’a fait la Tank, préserver leur personnalité propre et planer au-dessus des tendances, conserver des caractéristiques qui, jusqu’à nos jours, auront finalement peu évolué au fil des déclinaisons.
Et si son design de tank n’était pas seulement une inspiration ? Et s’il y avait, dans la façon dont cette montre a renversé les codes établis pour faire pénétrer de force la modernité dans l’industrie horlogère, une impulsion de char d’assaut et une logique de consolidation ? Car la Tank ne s’est pas contentée de traverser la muraille : elle a ensuite assuré ses positions.
Au-delà de l’anecdote du char, il y a donc une évolution stylistique autant que pratique. Cartier a voulu intégrer les attaches du bracelet au boîtier, cherchant à fusionner l’un dans l’autre, pour faire du garde-temps un objet unique englobant le poignet. De même qu’en misant sur le cabochon de saphir et en mettant les pieds dans le domaine de la joaillerie, Cartier a volontairement brouillé les pistes, affirmant sa grande liberté vis-à-vis du genre, proposant une montre qui soit aussi un bijou – ou un bijou qui soit aussi une montre.
Depuis 1919 et son premier modèle, la Tank Cartier a été déclinée en une quarantaine de versions. Voici les plus fascinantes :
Pour plus d’informations sur la Cartier Tank, vous pouvez vous rendre sur :
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